Stage de Blois 2017 mode d’emploi
Passe l’entrée et ouvre grand les oreilles
Ce lieu est un temple de la musique
Dans toute la France il n’en est de pareil
Au petit matin, sonne déjà le piano
Après le silence de la nuit, hardi trille et staccato
Puis les tasses vidées bien vite
C’est tout le monde qui s’agite
Court de ci-de là, monte, descend,
Cherche Beauregard ou le Clos-Lucé
C’est la ronde des pupitres, la valse des partitions
Une fois les ensembles réunis
Chacun concentré sur sa partition
Égraine des notes non choisies
C’est le règne de la confusion
De partout fusent des notes à foison
Chaque porte fermée vibre d’une fausse mélodie
Un mélomane non averti en perdrait la raison
Rappelons à tous que jouer juste n’est pas interdit
C’est alors que le professeur fait son entrée
Avec ses conseils avisés et sa science musicale
Il donne le tempo, bat la mesure et nous recale
Le compositeur retrouve enfin un repos bien mérité
Ha ha ha, rit le pianiste qui oublie la reprise
Les deux bouches du quatre mains se bidonnent sans quitter la partition
Une contrebasse dévale l’escalier, situation de crise
La pause Volley finit en entorse, c’est la consternation
En fin de journée quand la main reste collée à l’instrument
Intervient notre maîtresse de yoga
Après relaxation, massages et assouplissements
Elle redonne à chacun un corps de diva
Dénonçons ici une véritable forfaiture
Chaque soir est annoncé un apéro musical
L’oreille est charmée par tant de notes pures
Le gosier, quant à lui est sérieusement mis à mal
Buvons mes frères ces mélodies jusqu’à la lie
L’ivresse du tympan est une bonne maladie
Surtout quand le final se termine en apothéose
Piano et clarinette sont joués par des virtuoses
Le soir venu, se réunit l’assemblée des professeurs
Il faut mettre au point le programme du lendemain
Pour que le génie de la nuit, « notre grand organisateur »
Puisse poser sur le piano un petit mot pour chacun
Pendant ce temps nos jeunes se détendent
Ils ont travaillé tout le jour avec entrain
Le début de la nuit leur appartient
Ils n’en joueront que mieux le lendemain
Pour les pianistes c’est une autre musique
La chasse au clavier est ouverte
Quitte la place et aussitôt je te la pique
Pas de répit, même pour les mains expertes
Le maître mot de cette académie
C’est autant la bonne humeur que la modestie
Ceux et celles qui jouent avec talent
Gardent leur simplicité tout naturellement
C’est au terme de ce séjour que se mesure l’exploit
Monter quatre concerts, soixante pièces choisies
Les musiciens ont peaufiné les nuances et ont les notes au bout des doigts
Il est temps maintenant de défier Dionysos et Sarasvati
Les professeurs ont fait des miracles
Car sous nos doigts tremblants et indécis
Sort une mélodie inespérée qui ravit
Celui-là même qui la balbutie
Un archet non tendu, la fatigue l’emporte sur la raison
Reprenons le morceau, faisons bonne impression
Est-ce la magie d’un lieu, le château d’un grand roi
Mais en cet endroit la musique fait tressaillir le cœur
Le vibrato du violoncelle ensorcelle, le rythme trépidant du piano
Alterne guirlandes de notes et accords plaqués dans un tonnerre de décibels,
Les notes suspendues de la clarinette se mêlent à la voix soprano
Qui monte jusqu’à la voûte, sans oublier cor, flûte
Violon, basson, alto, contrebasse, trombone et trompette
Chacun réclamant à son tour la vedette
Ces moments merveilleux resteront imprimés dans nos esprits
On les doit à notre maître de cérémonie
Fidèle depuis quinze années, entouré de tous ces professeurs
Qui n’ont pas ménagé leur peine et dont le talent et la virtuosité
Ont enchanté notre séjour
Encore un grand merci à toute l’équipe organisatrice
Épilogue :
Le retour en train fut morose
Comment oublier ces moments si intenses
Mais après avoir repris l’instrument assoupi
Quel plaisir de constater que les morceaux d’hier
Ont trouvé un nouvel écho
Par quel miracle tous les conseils donnés
Depuis tant d’années par ma chère professeure
Ont-ils en l’espace de quelques jours
Fini par naturellement éclore
Dominique Foubert, musicien stagiaire